Mes cerveaux préférés sont franchement bien divisés entre le genre masculin et le genre féminin. L’intelligence, la créativité et l’ingéniosité n’ont pas de sexe après tout. Ce qui en a assurément un? Les soins aux enfants et l’organisation familiale. Je suis certaine que nous avons collectivement manqué de l’apport de bien des femmes dans l’histoire récente de l’humanité. Elles étaient sans aucun doute occupées à torcher autrui.
Les enfants, c’est beau et ça grandit vite, mais c’est quand même un minimum de 5 ans de perdus au niveau de l’avancement, de la création, de la croissance professionnelle. C’est une expérience fabuleuse de voir mes bébés-larves se transformer en des mini humains dotés d’intelligence, de raison, d’humour… mais c’est vraiment moi qui me suis tapée (et me tape encore) le gros de la job. Du temps pour moi? Il ne me reste que des restes de restants. Des miettes de miettes de temps. Quand j’ai à peu près atteint quelque chose d’acceptable pour préserver ma réputation au travail, pour la survie des enfants, du chat et du moral de la famille (je vous jure, j’ai pas de hauts critères) je n’ai plus de jus. Je ne suis plus moi. Je suis lessivée. Je vais souvent me coucher en me disant que demain sera mieux. Que je me lèverai plus tôt pour avoir du temps avant le réveil de la maisonnée. Que j’aurai le temps de manger autre chose qu’un bout de toast abandonné par la plus jeune. Que cette journée flambant neuve n’en sera pas une autre éreintante à courir d’un rôle à l’autre en me sentant inadéquate dans chacun.
Je me révolterais bien contre ce système, trop peu remis en doute, qui est devenu véritable machine à burnout. Mange un yogourt. Fais du yoga. Prends un bon bain chaud. Sois positive. Bullshit. Je me révolterais bien, donc. Pas demain. Déjà, j’ai hypothéqué une partie de mon énergie en veillant pour écrire ces lignes. Après-demain peut-être? Ou jamais, c’est selon.