La maternité et le reste

Mes cerveaux préférés sont franchement bien divisés entre le genre masculin et le genre féminin. L’intelligence, la créativité et l’ingéniosité n’ont pas de sexe après tout. Ce qui en a assurément un? Les soins aux enfants et l’organisation familiale. Je suis certaine que nous avons collectivement manqué de l’apport de bien des femmes dans l’histoire récente de l’humanité. Elles étaient sans aucun doute occupées à torcher autrui.

Les enfants, c’est beau et ça grandit vite, mais c’est quand même un minimum de 5 ans de perdus au niveau de l’avancement, de la création, de la croissance professionnelle. C’est une expérience fabuleuse de voir mes bébés-larves se transformer en des mini humains dotés d’intelligence, de raison, d’humour… mais c’est vraiment moi qui me suis tapée (et me tape encore) le gros de la job. Du temps pour moi? Il ne me reste que des restes de restants. Des miettes de miettes de temps. Quand j’ai à peu près atteint quelque chose d’acceptable pour préserver ma réputation au travail, pour la survie des enfants, du chat et du moral de la famille (je vous jure, j’ai pas de hauts critères) je n’ai plus de jus. Je ne suis plus moi. Je suis lessivée. Je vais souvent me coucher en me disant que demain sera mieux. Que je me lèverai plus tôt pour avoir du temps avant le réveil de la maisonnée. Que j’aurai le temps de manger autre chose qu’un bout de toast abandonné par la plus jeune. Que cette journée flambant neuve n’en sera pas une autre éreintante à courir d’un rôle à l’autre en me sentant inadéquate dans chacun.

Je me révolterais bien contre ce système, trop peu remis en doute, qui est devenu véritable machine à burnout. Mange un yogourt. Fais du yoga. Prends un bon bain chaud. Sois positive. Bullshit. Je me révolterais bien, donc. Pas demain. Déjà, j’ai hypothéqué une partie de mon énergie en veillant pour écrire ces lignes. Après-demain peut-être? Ou jamais, c’est selon.

Le blues du dimanche soir

Ça fait des années que je n’ai pas le coeur à la fête le 31 au soir. Un peu comme mon blues traditionnel du dimanche soir, multiplié par 20. La nuit dernière, j’ai trouvé un texte datant de janvier passé. Un an, déjà! Ça s’appelait Les grands vents. Force est de croire que les vents n’ont pas cessé. L’année fut houleuse dans ma tête et dans mon coeur. Une fin de cycle, 2017, il paraît. Douze mois à souhaiter que quelque chose passe… ou prenne toute la place. Sans faire quoi que ce soit d’un côté ou de l’autre. Statu quo. Attente. Bien assise à la croisée des chemins, jusqu’à y prendre racine… ou presque.

Les heures, les journées, les semaines et les saisons se sont enfilées à vitesse grand V. J’ai fait une tonne de choses, oui, mais je sens que j’ai manqué de courage pour l’essentiel. Mon coeur balance toujours entre le sentiment d’avoir encore le temps et l’impression d’être à minuit moins une… Et si cette année était la dernière? Et si j’étais déjà rendue au point où la vie est as good as it gets?